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Colloque des télépathes

& album CD "Post-Gradiva"

par Sandra Moussempès

Héroïnes amplifiées
Livre + CD audio
Avec le soutien du Centre National du Livre

Un fait divers de l’ère victorienne se dévoile en filigrane, autour des sœurs Fox qui communiquaient avec les esprits. En parallèle à cette ambiance gothique l’auteure convoque celle tout aussi étrange des années 69-71 à Hollywood, temple des sectes hippies, des starlettes en devenir et d’une idéologie inquiétante et joyeuse qui berça aussi son enfance. Comme une auto-fiction poétique caméra au poing, le récit alterne les époques, revient sur ces femmes, héroïnes amplifiées par des états modifiés de conscience.
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L’album Post-Gradiva est la bande son du livre. Sandra Moussempès utilise les différentes textures de sa voix chantée qu’elle intègre à l’énonciation du poème en vocalisations narratives. Les atmosphères cinématographiques questionnent la notion de temporalité et les sensations de déjà-vu en provoquant une forme d’hypnose.

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Lecture d'un extrait par l'autrice

« See » extrait de l'album Post Gradiva inclus dans le livre - Black Sifichi / Sandra Moussempès

Parution :
Thématiques :
Extrait :

{ 1 }
Certaines réponses se sont évaporées sur ce guéridon
Nous étions dans un corridor passant d’une certitude à l’autre sans pour autant faire tournoyer nos sensations
Il s’agissait peut-être de nulle part sauf si nulle part est une chambre à air, militant pour le prolongement des rêves éveillés
Tu affines une pensée, nous sommes entourés de terre glaise et d’une impression de déjà-vu
Chaque trou représente une dissonance à recoudre le long de vies parallèles
Les enveloppes remplies de sirènes sont toutes tombées
Si nous perdons du temps à en gagner nous sommes nous-mêmes notre alter ego retenu dans un trou enduit de paillettes

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{ 2 }
Émerveillés par une rivière flottante, des voyageurs nous représentent mieux qu’une élongation familière
À la surface des phénomènes s’encastrent nos reflets, même s’il s’agit du printemps, nous pouvons voir fondre leur véhémence
Avec régularité, des masses de mémoire ont supplanté ce que nous pensions toucher
J’aurais voulu digérer ton ambivalence mais le jour suivant, mon attention s’est relâchée
Tu as souri, transformant des mots en effleurements transcutanés, moi-même je n’étais plus vraiment sûre de pouvoir évoquer ta densité le long d’un voile léger
Désormais nos questions cisaillaient une étoffe à ne pas mettre en toutes les mains photographiées

{ 3 }
« En me promenant dans le noir » est une semonce composée de frissons et de ratures mais qui dit actes manqués se retrouve sur une passerelle à replier un drap
J’entassais chaque réflexion mais rien ne venait à travers le brouillard, j’affûtais ma mémoire en restituant les bribes d’oubli sachant que désormais tu pourrais te passer d’écran total sur la surface de ta pensée
En forêt par exemple, les thèses reposent sur des axiomes bien plus crédibles qu’un confort de masse, la phrase qui arrive peut être écrite devant le mot « auréole »
J’attendais de choisir entre attendre et faire en sorte que l’attente soit un espace de moins car c’est une chose de voir pour croire une autre de se retrouver dans un miroir objectif

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REGROUPER
Critiques :Richard Blin dans Le Matricule des Anges N°186 sept 2017 a écrit:

"Lire, écouter Sandra Moussempès, c'est accepter d'être affecté, d'entrer dans un univers de mondes emboîtés les uns dans les autres, d'être pris dans des jeux de miroir qui font de chaque séquence un objet d'anamorphoses."

Ritta Baddoura dans L'ORIENT littéraire a écrit:

Quand un excès de luminosité créait l’aveuglement et rendait flous les gros plans effectués par la poète, dans Colloque des télépathes, c’est l’effort de traverser le temps et les ténèbres qui crée l’éblouissement.

François Crosnier dans POEZIBAO a écrit:

Dans un pays où la « littérature hors du livre » est encore peu répandue (malgré de récentes initiatives comme le festival Extra ! du Centre Pompidou et la création du prix Bernard Heidsieck, dans la pré-sélection duquel figurait le nom de Sandra Moussempès), il n’est pas dans les habitudes des éditeurs de poésie d’insérer un CD dans les livres qu’ils publient. C’est pourquoi il faut féliciter les Éditions de l’Attente de faire entendre de nouveau, après Acrobaties dessinées (2012), le travail sonore de l’auteure, qu’elle a présenté au cours de plusieurs performances ces dernières années - à la Maison de la Poésie ou au Festival Actoral, notamment. Chant, voix, musique et sound design se mêlent pour se constituer en un monde autonome, parallèlement au texte imprimé qu’ils reprennent en partie. L’effet d’étrangeté produit par la voix de Sandra Moussempès induit une approche nouvelle de l’œuvre. Il ne s’agit pas d’illustration secondaire de celle-ci, mais bien plutôt d’un développement différent du même, rattaché à l’écriture à un niveau très profond.

HUGUES dans Blog CHARYBDE a écrit:

Entrechoquant tromperies victoriennes corsetées et illusions dansantes d’un swinging flower power, une redoutable poésie de dévoilement des secrets, portée par une voix aux visages toujours multipliés.

Fabrice Thummerel dans LIBR-CRITIQUE a écrit:

Dans Post-Gradiva, œuvre en soi par laquelle on doit commencer, ce sont la voix et le sens qui sont suspendus : par/dans les susurrements, chuchotements, ricanements, glissandos, vocalisations, effets sonores, boucles rythmiques... Enchantement garanti : quelle puissance hypnotique !

Marie Jejcic dans La Revue Lacanienne N°19 a écrit:

opni : objet poétique non identifié. Ou Famille je vous hais

"... Performance à inscrire dans la filiation de Dada ou de Breton un siècle après, happenings ou « poésie-action » façon Bernard Heidsieck à l’origine de la poésie sonore, innovation en tous les cas, en espérant que la poésie ne s’y éteigne pas."

Eric Lynch dans L'Esprit créateur a écrit:

"Like pop culture’s chimerical representations, Spiritism and related practices emphasize uncanny aspects of language, which Moussempès explores both seriously and with satirical distanciation. If poetic trance, telepathy, and contact with spirits all seize words arising from outside the subject, Colloque captures these messages along with the simulacra of Hollywood, juxtaposing cinematic illusions with altered states of consciousness. Referencing occult and New Age practices, Moussempès evokes the Fox sisters, whose 1848 seances launched Spiritism, a fictional hippy cult surrounding a guru film director, as well as the Primal Scream therapy of the 1970s.12 Her poetry probes Spiritism and other alternative spiritualities, then, with these practices orienting the intermedial play between text and vocal textures and soundscapes. (...)
Eric Lynch in "L'Esprit Créateur" (Etats-Unis, Fall 2018)

Jacques Bonnafé dans FRANCE CULTURE a écrit:

Une lecture de Jacques Bonnafé sur France culture :

"Scènes de film, nichées en nos mémoires d'ombres et de nuit, script d'un scénario invisible. La poésie opère un détachement des paroles, une légère distorsion du fil.
Des indicatifs passent alternant recettes ou préceptes, dispersant les effets d'une décoction réussie, par extraits d'une collecte occulte. Nous sommes dans une communauté et nous en sommes les observateurs. Mots qui ne s'adressent pas au seul lecteur, il se devine accompagné d'un groupe ou d'un chœur d'écoute. La litanie restitue ces lourds instants collectifs auprès des tables tournantes (...)"

Martin Hervé dans "Parler l'invisible" in Spirale 268 (Québec) a écrit:

"On ne joue pas sans bonne raison avec nos fantômes. Derrière la petite comédie des draps blancs et des parquets qui grincent se cache toujours un drame. « Il y a une voix dans matête, je la ramasse la nuit avec une petite cuiller en or massif, puis je deviens cette voix devenue hors de contrôle qui se regarde ans un miroir anglais ». L'enjeu est donc de faire corps avec cette voix, d'en être véritablement affecté, possédé. De l'accueillir, de la sauvegarder aussi, tout en convenant de l'inassimilable altérité qui est la sienne. Une sorte d'éthique spirite qui peut parfois avoir des accents d'art poétique : « Un poème doit être hors sujet tout en restant sujet. » Hors sujet, telle est d'ailleurs la position par laquelle doit en passer le lecteur qui pénètre dans les limbes acoustiques de Moussempès, là où un esprit se déroule telle de la dentelle et dévoile, sous ses revers, les coutures bigarrées du réel. (...) Parce que les expériences de l'invisible ne peuvent que damer le pion aux cadres classiques d'intelligibilité, tant elles excèdent le corps et le langage, quand elles n'en exposent pas les trous et les ratages. Là où réside un écart entre le mot et la chose, entre les mots eux-mêmes, qui laisse inentamé l'idéal d'un autre dire possible. Parler l'invisible ou s'efforcer à parler de ce qui ne se parle pas."

Magali Nachtergael dans PLACE-PLATEFORME a écrit:

"Le regard porté sur les œuvres textuelles hors du livre appelle donc un déplacement du regard au-delà du paratexte mais aussi à tous les implicites qui le composent : forme éditoriale, auteur-trice, lieux de publication pour entrer progressivement dans une analyse du support et aux usages de ce texte, ce que David Ruffel nomme une « littérature contextuelle »17. Lorsque Sandra Moussempès publie Colloque des télépathes aux éditions de l’Attente, elle y ajoute un disque audio au titre différent du livre, Post-Gradiva. Ce CD, qui contrairement au livre, dépend de technologies à l’obsolescence programmée, accompagne la lecture sans la reconduire directement : on entend en alternance des sonorisations vocales, des extraits de textes lus par une voix masculine (Antoine Boute) ou des morceaux chantés. Ce disque reconduit la matière textuelle en la déformant et en lui donnant la forme adaptée à une écoute flottante, musicalisée et atmosphérique. Moussempès par ailleurs performe des lectures dans d’autres contextes, sur scène. Ce dernier avatar du texte l’ouvre à une potentialité plastique qui n’est pas entièrement et directement perceptible dans l’imprimé seul. Le texte sort ainsi de sa visée moderniste, comme l’indique Pascal Mougin dans le passage du « moderne » au « contemporain »18, et s’émancipe de la forme fixe de la page pour entrer dans la virtualité d’une performance ou plutôt d’une actualisation. On en vient donc à analyser non seulement le contenu discursif et linguistique d’une œuvre mais aussi ses modalités de performance qui obligent aussi à reconsidérer certains réflexes critiques."


À propos de l’auteur

Née à Paris en 1965, Sandra Moussempès est poète. Ancienne pensionnaire de la Villa Médicis, elle a été publiée principalement dans la collection « Poésie » aux éditions Flammarion et aux éditions de l’Attente. Son travail interroge les stéréotypes liés au féminin et les non-dits familiaux par le biais d’un environnement inquiétant, cinématographique et auto-fictif. Également artiste sonore et vocale, elle convoque la notion de temporalité et les états modifiés de conscience dans ses lectures performées, intégrant sa voix (lyrique, éthérée, bruitée) à l’énonciation du poème, dispositif qu’elle a présenté dans divers lieux tels que la Fondation Louis Vuitton, le Centre Pompidou, le MAMCO de Genève, le Musée du Carré d’Art de Nîmes, la Kunsthalle Mulhouse, le festival Actoral. Elle a réalisé 3 albums audio dont 2 inclus dans ses livres aux éditions de l’Attente. Elle vit actuellement en Normandie où elle élève son fils né en 2005.
/// Nina Parish, "Entretien avec Sandra Moussempès." L'Esprit Créateur 58:3 (2018), 131-134. (© 2018 L'Esprit Créateur. Reproduit avec la permission de Johns Hopkins University Press.) Cliquer ici pour voir l'article
Entretien avec Fabrice Thumerel pour LIBR-CRITIQUE 
Autofiction, traumas et féminisme - De Cassandre en Lilith : mes figures du quotidien : sur COLLATERAL

 

Bibliographie

Principales publications :

. Fréquence Mulholland, éditions MF, 2023

Cassandre à bout portant, coll. "Poésie", Flammarion, 2021 • Cinéma de l'affect (Boucles de voix-off pour film fantôme), L'Attente, 2020 • Vox Museum, album CD publié aux éditions JOU, 2019 • Colloque des télépathes (& album CD Post-Gradiva), L'Attente, 2017 • Sunny girls, coll. "Poésie", Flammarion, 2015 • Acrobaties dessinées (& CD Beauty sitcom), L'Attente, 2012 • Photogénie des ombres peintes, coll. "Poésie", Flammarion, 2009 (prix Hercule de Paris 2010) • Biographie des idylles, L'Attente, 2008 • Le seul jardin japonais à portée de vue, L'Attente, 2005 • Captures, coll. "Poésie", Flammarion, 2004 • Hors Champs, C.R.L Franche-comté, 2001 • Vestiges de fillette, coll. "Poésie", Flammarion, 1997 • Exercices d’incendie, coll. "Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne", Fourbis, 1994 /// Anthologies : • Un nouveau monde, Poésies en France 1960-2010, Yves di Manno & Isabelle Garron, coll. Mille&unePages, éditions Flammarion, 2017 • Writing the real, a bilingual anthology of Contemporary french poetry by Nina Parish and Emma Warfstaff, Enitharmon Press, 2017 • Voix vives, Sète, éditions Bruno Doucey, 2011 • L’Énigme-poésie : entretiens avec 21 poètes françaises, John Stout, Rodopi, 2010 • Couleurs Femmes, éditions Castor Astral / Nouvel Athanor, 2010 • "Captures", 14 poètes, anthologie critique et poétique, Prétexte, 2005 • "Spiritus temporellement décalé" in 49 poètes, un collectif, Flammarion, 2005 • 49 poètes, un collectif, Flammarion 2004 • 14 poètes, anthologie critique et poétique, Prétexte 2004 • "Poèmes inédits", Une “action poétique” de 1950 à nos jours, Flammarion, 1998 • Poèmes extraits d’Exercices d’incendie traduits en espagnol in Poesia Francesa Contemporana 1940-1995, éditions Libros di Tierra Ferme (Argentine), 1998 • "Poèmes sélectionnés" in Une Anthologie Immédiate, Fourbis, 1996 • "Corsetées" in 29 Femmes, une Anthologie, Stock, 1995 • Une anthologie immédiate, Fourbis, 1995 /// Chapbook bilingue traduit en américain : • From : Sunny girls, Chapbook traduit par Elena Rivera at Above Ground Press, Canada, 2017 /// Traductions (de l'anglais) :Je, au delà, un essai en temps de deuil, Kristin Prevallet, (avec Françoise Valéry), L'Attente, collection W, 2008 • Red, de Kristin Prevallet, Action Poétique, 2003 • Selected poems, d'Oscar Wilde, Action Poétique, 1995