Sélectionner une page

Loin

par Marie Borel

Récit voyageur
Avec le soutien du Centre National du Livre

Les quatre points cardinaux sont l’ailleurs indispensable du mouvement perpétuel et des rencontres. Ce récit interroge la littérature de voyage, et la citation comme appropriation du monde (animal, végétal, minéral mais aussi céleste et maritime). Les pronoms personnels du singulier sont les personnages d’une narration épistolaire où le langage envoie des cartes postales aux pélicans de la syntaxe. Difficile parfois de savoir qui est qui. Les éléments ont (parfois) tendance à se déchaîner et les images déplacent les frontières. Se perdre n’est-il pas ce qui arrive en voyage ?

Écouter l'entretien de Marie Borel avec Frank Smith, suivi de la lecture d'un extrait de "Loin"sur France Culture (à partir de 36'20")

Parution :
Thématiques :
Extrait :

le monde tourne tout seul
la géographie est un espace de pays translucides
à déplier en soi
le réel et l’imaginaire son double
tout autant concerné distrait indifférent et négligeable
cherche partout l’absence une aile d’oiseau dans le vent

les pistachiers bleuissent les paumes à kingstown
aux grenadines près de l’arbre à pain de blight
au terme d’une navigation insensée
il achève ici sa mission
en un seul bord au près port ste-catherine port-louis
caps écorchés au-dessus des forêts sous-marines
des rochers en forme de château ou de nuage
des châteaux semblables à des animaux fantastiques
entre les figuiers douze gardiens posent la question
des ondulations du littoral

Lire les premières pages

Critiques :Catherine Pomparat dans Remue.net a écrit:

Loin de l’abécédaire, L.O.I.N., analphabet. Loin d’Aleph, la douzième lettre, même si toujours la première revient. Arme parlante, trou dans le savon d’olive et de laurier, la bombe lettrée est de retour. Bâbord d’abord avec deux ailes qui portent les armures à gauche. Plus de mousse, plus d’écume, L couvre la surface des fonds. Latitudes et longitudes font les points d’arme. Les lignes défensives n’y comprennent rien. Les lignes imaginaires en perdent leur latin. Un prompteur inscrit sweden sans capitale.

Elsa Gribinski dans JUNKPAGE septembre 2013 a écrit:

Loin est un livre sur le temps et l’espace, la durée et la distance. On y part, avec l’auteur, « d’où il n’y a plus rien que loin où se rendre », on y traverse une carte qui « n’est jamais à jour ». Surgit une pluralité, des mondes parallèles, l’animal et le végétal, les cieux et les eaux, le rêve, le présent, le passé, des réminiscences d’ici et d’ailleurs. Pour s’en tenir à quelques-unes (celles de Marie Borel, ou celles que le texte suscite), rester en France et les écrire, comme l’auteur, sans capitales : paris, ses rues, son spleen, colchiques et alcools un peu de biais, la « désolation muette des dimanches », anna karina sur une île avant la fuite, de là, peut-être rimbaud, éternité, voyelles et bateau ivre. Mais Rimbaud, parti, a cessé d’écrire. Pour Marie Borel, le voyage et l’écriture (la lecture, la traduction) vont ensemble : « une forme d’exil », dit-elle, par quoi chercher « le contraire d’ici et maintenant », et quelques réponses. Le texte s’étire à l’horizontale (par conséquent vers l’horizon), tout en minuscules : des césures pour seule ponctuation, et la cadence d’une syntaxe qui s’aventure hors des habitudes de la langue maternelle.


À propos de l’auteur

Marie Borel voyage écrit lit traduit.

Bibliographie

Des questions singulières, éditions Renard bleu, Suisse, 2019 • Loin, L’Attente, 2013 • Le Léopard est mort avec ses taches, (nouvelle édition) L’Attente, 2011 • Écrit sur du sable, contrat maint, 2008 • Le monde selon Mr Ben, Fage, 2008 • Priorité aux canards, L’Attente, 2008 • Tombeau des Caraïbes, contrat-maint, 2003 • Trompe-Loup, Le bleu du ciel, 2003, traduit en anglais par Sarah Riggs et Omar Berrada (Wolftrot, La Presse, 2006) • Le Léopard est mort avec ses taches, L’Attente, collection Week-end, 2001 • Fin de citation, cipM, 1995, traduit en anglais par Keith Waldrop (Close Quote, Burning Deck, 2001) /// TraductionsL'indien jamais n'a eu de cheval, Etel Adnan, Galerie Lelong, Paris, 2022 • Murmurations, Sarah Riggs (collaborated with Jérémy Victor Robert), Apic, série “Poèmes du Monde” dirigée par Habib Tengour, Algérie, 2021 • Là-bas, Etel Adnan, avec Françoise Valéry, L'Attente, 2013 • La revanche de la pelouse, Rosmarie Waldrop, avec Françoise Valéry, L’Attente, 2012 • Journal d’un Ange Sadomaso, Lisa Jarnot, avec Pascal Poyet, contrat maint, 2011 • Un cas sans clef, Rosmarie & Keith Waldrop, avec Françoise Valéry, L’Attente, 2010 • 43 Post-it, Sarah Riggs, avec Françoise Valéry, L’Attente, 2009 • Chansons du chien noir, Lisa Jarnot, trd collective, Format américain, 2005 • Pelouse du tiers exclu, Rosmarie Waldrop, Format américain, 2001 • Prétense, Tom Raworth, La Tuilerie Tropicale, 1988 Traductions parues en revue de Lyn Hejinian, Nancy Khul, Gertrude Stein, Charles Reznikoff  et de  cinq livres de la Bible dans le cadre du projet collectif La bible : nouvelle traduction, Bayard, 2001