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Katrina

Isle de Jean Charles, Louisiane

par Frank Smith

Immersion
Avec le soutien du Centre National du Livre

Sélection Prix des découvreurs 2017

Isle de Jean Charles est une langue de terre située aux confins de la Louisiane. Elle est la première victime d’une érosion côtière qui ronge la région depuis des siècles, décuplée par les effets des tempêtes qui balaient régulièrement le golfe du Mexique. Avec elle, une communauté d’Indiens issus de trois tribus – Biloxi, Chitamacha et Choctaw – coule doucement. Pêcheurs de père en fils, les Indiens d’Isle de Jean Charles ont comme autre particularité de parler partiellement le français des Cajuns, descendants de Français chassés d’Acadie par les Anglais en 1755 et réfugiés en Louisiane. On y va. On y passe, un jour.

Extrait :

Péripéties.
Une terre sans attaches, que tu arpentes, furibond et confus, dans les dérives de la brûlure interne. Est-ce que tu restes un étranger pour toujours ?
Il y a un rectangle de ciel et, fébriles, de menus accords entre vous. Tu ne désavoues jamais les traces qui te conduisent à Jean Charles.
« You know where you are ? » te demande la vendeuse du Nez coupé, une boutique d’artisanat local sur la route de Cocodrie – bijoux, instruments de musique, tenues de peau, pierres rares…
Des fois, tu ne comprends plus.
On est celui qui navigue et qui marche, celui qui grimpe des échafaudages, celui qui est une personne à elle seule. On est Tzvetan Todorov qui écrit La conquête de l’Amérique. On est à l’écoute des proverbes indiens quand ils disent : « On n’est pas un miroir, on est la vérité de toujours. »
C’est quoi une île ?
La question stagne, elle ne se pose déjà plus.

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Laisser dire et faire. C’est une vocation.

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Critiques :Jean-Philippe Cazier dans Mediapart a écrit:

« Un livre indissociablement éthique, poétique et politique »

Yann Perreau dans Les InRockuptibles a écrit:

« Un grand livre sur la disparition d’une communauté »

Christien Désagullier dans Sitaudis a écrit:

« Poésie circonstancielle de temps (présent) et de lieu (ici) »

Jean-Max Méjean dans L'Obs a écrit:

« Ce livre vous marquera à jamais »

Alain Nicolas dans L'Humanité a écrit:

S’en tenir aux faits, explorer et fracturer le langage...

Librairie Charybde dans Charybde 27 a écrit:

Témoignage presque silencieux, poignant et poétique, de confins de Louisiane où la nature et l’appât du gain s’unirent pour détruire une communauté.

Heike Fiedler dans CCP#31-4 a écrit:

Katrina retrace le vécu d’une communauté d’Amérindiens sur l’Isle de Jean Charles aux confins de Louisiane, terre menacée par l’effet d’érosion côtière.

Georges Guillain dans Les découvreurs a écrit:

Me retiennent pourtant et fortement dans ce livre, non seulement le tableau déprimant de notre monde de plus en plus abandonné aux puissances technologiques, matérielles et financières qui le défigurent et en réduisent toujours davantage la belle et giboyeuse diversité humaine et naturelle.

Frédérique Cosnier-Lafage dans Résonance générale a écrit:

Le mouvement du texte est fait de cette tension entre arriver et repartir, de ce frôlement comme une rencontre toujours à rejouer, comme la terre apparaît et disparaît parmi les flots, comme les indiens eux-mêmes, après chaque cyclone, quittent les lieux et reviennent ensuite pour reconstruire, inlassablement.

Jean-Philippe Cazier dans DIACRITIK a écrit:

Katrina est un livre nomade, où le nomadisme est central. Un livre des circulations – entre l’enquête, la poésie, le récit. Ce qui importe est le déplacement, la mobilité, selon une logique de la transversalité, de l’agencement. Les langages se juxtaposent, se mélangent : langage objectif d’une description encyclopédique ou d’un dictionnaire, langage subjectif des impressions et états internes ; langage littéraire, langage parlé ; langue anglaise, langue française ; etc. Comme l’eau, qui, dans le livre, circule partout, omniprésente. Comme circule celui qui, dans le livre, ne cesse de se déplacer pour rencontrer les habitants du bayou, accueillir leurs paroles, traverser les paysages au volant d’une voiture de location…

Christine Marcandier dans DIACRITIK a écrit:

Le récit de Frank Smith est une cartographie littéraire et une forme de roman documentaire. La langue de terre qu’est l’Isle de Jean Charles est aussi ce lieu où réel et imaginaire se rejoignent, un espace poétique de déploiement des images comme des cultures — descendants d’Indiens, de Français, sur « cette terre d’ici, plein des années », « on ne doit la vie qu’au hasard et qu’à l’exil ».


À propos de l’auteur

Frank Smith, né en 1968, vit et travaille à Paris. Il est écrivain, poète et réalisateur, vidéaste. Il est représenté par la Galerie Analix Forever, Genève.
Il a longtemps été producteur pour France Culture où il a notamment codirigé l’Atelier de création radiophonique, de 2001 à 2011, et animé l’émission La Poésie n'est pas une solution (été 2012).
Il est par ailleurs éditeur, directeur de la collection ZagZig de livres/CD, qu’il a créée aux éditions Dis Voir en 2008, et dirige avec Antoine Dufeu la revue critique et clinique de poésie, RIP.
Il a collaboré également au journal L'Impossible de Michel Butel, à la revue Mouvement, et a animé le dispositif « Poé/tri » d’entretiens avec des poètes pour la plateforme nonfiction.fr
Depuis Guantanamo, (éd. Le Seuil, 2010) puis Gaza, d’ici-là (Al Dante), Etat de faits et Katrina (L'attente), il inaugure, à partir de documents et d’archives, une série d’« investigations poétiques » en phase avec les conflits majeurs du monde contemporain.
En 2014, aux États-Unis, la traduction de Guantanamo par la poète conceptuelle Vanessa Place, est sacrée meilleur livre de l’année par The Huffington Post : « un livre mutant, errant aux confins de Kafka, Lyotard et WC Williams » selon Avital Ronell.
A paraître : Choeurs politiques, Poème dramatique pour voix (L’attente, automne 2017).
Prochaines réalisations : Le Film de l’impossible, présenté au centre Pompidou dans le cadre du Festival Hors Pistes Production, septembre 2017, et Le Film des Indiens (Hors Pistes 2018, centre Pompidou).
En 2018, Frank Smith présentera une nouvelle exposition à la Galerie Analix Forever : Les Films du monde/68 cinétracts, pour célébrer les 50 ans de mai 1968, et participera à une exposition collective Art & Prison, à Hobart, Tasmanie, en juin (commissariat Barbara Polla).

Bibliographie

Chœurs politiques, l'Attente, 2017 • Fonctions Bartleby, bref traité d’investigations ­poétiques, Le Feu sacré, collection Les feux follets n°2, 2015 • Résolution des faits, Fidel Athelme X, 2015 • KATRINA - Isle de Jean Charles, Louisiane, l'Attente, 2015 • Surplis, Argol, 2015 • Le Film des questions, Plaine Page, 2014 • Guantanamo (tranduit par Vanessa Place, introduction by Mark Sanders, praise by Avital Ronell), Les Figues Press, Los Angeles, 2014 • États de faits, l'Attente, 2013 • Gaza, d’ici-là, Al Dante, 2013 • Guantanamo, Seuil, Collection « Fiction & Cie », 2010 • Dans Los Angeles, Le Bleu du ciel, 2009 • Le cas de le dire, Créaphis, 2007 • Je pense à toi, Les Cygnes, 2004 • Zigzag poésie. Formes et mouvements : l’effervescence, Autrement, 2001 • Poé/tri. 40 voix de poésie contemporaine, Autrement, 2001 • Je @ toi, Olbia, 2001 • Pas, photographies d’Anne-Marie Filaire, Créaphis, 1998